Le présent rapport porte sur l’analyse des pratiques de séchage actuelles du bois résineux au Canada et sur l’identification des besoins en R-D associés à ce domaine. Les préoccupations au sujet de l’environnement justifient une réflexion dans ce secteur pour mettre en œuvre des moyens afin de diminuer la consommation énergétique et les émissions de gaz à effet de serre.
Il est reconnu que l’implantation de systèmes de contrôle-commande avancés constitue un bon moyen de diminuer la consommation énergétique tout en améliorant la qualité du produit. Selon certaines hypothèses, la réduction potentielle de la consommation énergétique serait de l’ordre de 5,5 PJ/année soit 335 kt/année d’émission de CO2 au Canada pour les séchoirs à bois. De plus, on peut évaluer une réduction potentielle additionnelle d’émission de CO2 de 90 kt/année découlant de la diminution du déclassement du bois.
L’objectif général de l’étude est donc de présenter une synthèse des principales tendances en matière de développement des systèmes de contrôle-commande et d’identifier les facteurs limitant leur implantation.
Pour atteindre cet objectif, une enquête a été menée auprès des membres de l’Association des manufacturiers de bois de sciage du Québec et quelques usines en Colombie-Britannique. Les principaux résultats de l’enquête se résument comme suit :
L’industrie perçoit ses installations actuelles suffisamment modernes pour répondre aux besoins actuels des marchés.
L’industrie mentionne que la qualité (le déclassement) est l’élément le plus significatif pour évaluer le séchage.
Toutefois, la qualité n’étant pas facilement mesurable, le temps demeure l’outil le plus utilisé pour évaluer les performances de séchage.
Bien que la qualité ait été identifiée comme la principale variable du procédé de séchage, la proportion de pièces surséchées et sous-séchées est de 16 p. 100 et 9 p. 100, respectivement.
L’opérateur joue un rôle significatif dans l’ensemble des opérations de séchage (gestion avant pendant et après séchage). Ces actions ont une incidence sur les résultats du procédé.
L’achat d’un contrôleur est davantage motivé par l’achat d’un séchoir que par les exigences relatives au procédé lui-même.
Les connaissances techniques sur les principaux systèmes de contrôle-commande des séchoirs à bois en faisant référence à deux types de commande, soit la régulation des températures de l’air de séchage et l’implantation des programmes de séchage, ont été passées en revue. Ces deux types de commande sont schématisés et facilitent la présentation des différentes méthodes de commande utilisées dans l’industrie.
On constate que cinq manufacturiers de contrôleurs de séchoirs à bois résineux satisfont à eux seuls 75 p. 100 du marché canadien. On observe aussi que leurs contrôleurs se ressemblent passablement. La caractéristique qui les distingue est la façon d’implanter les programmes de séchage et la façon de mesurer l’évolution de la teneur en humidité lors du séchage. Malgré les récents développements technologiques, les programmes de séchage demeurent la responsabilité des opérateurs et le bon fonctionnement du séchage dépend de l’habilité de ceux-ci.
On observe que la R-D entourant les nouveaux instruments de mesure et les modèles mathématiques ne permettent pas d’appuyer l’élaboration de contrôleurs de séchoirs. On constate que l’innovation dans le domaine des contrôleurs ne suit pas le rythme observé dans d’autres secteurs de pointe. En fait, la mesure de la teneur en humidité demeure un problème technique non résolu. Les modèles mathématiques, demeurent pour leur part l’apanage du milieu scientifique avec quelques percées industrielles pour la formation des opérateurs, et cela, malgré plus de vingt ans d’efforts.
Il est reconnu, aussi bien dans le milieu de la recherche que par les industriels, qu’un contrôleur avancé est une solution avantageuse à explorer pour améliorer le procédé de séchage. Malheureusement et cela, malgré plusieurs années d’efforts, ces contrôleurs n’existent toujours pas. Dans ce cas, on peut conclure que la difficulté de modéliser le procédé de séchage et la difficulté de mesurer la teneur en humidité demeurent deux barrières importantes au développement et à l’implantation de systèmes de contrôle-commande avancés.
Une autre barrière tout aussi importante aux développements de nouvelles pratiques de séchage provient du fait qu’il est difficile d’évaluer rapidement et précisément les avantages monétaires d’une nouvelle pratique. Cette constatation explique en grande partie la difficulté d’adopter de nouvelles technologies de séchage et surtout pourquoi le temps demeure la principale variable de contrôle même si la qualité des produits finis est identifiée comme la variable de contrôle la plus importante. De plus, on s’aperçoit que l’importance des actions des opérateurs ne se limite pas seulement à ce qui se passe dans le séchoir, mais bien à tout ce qui se passe depuis l’usine de sciage jusqu’à l’expédition du produit.
Ainsi, le développement d’un système de surveillance de la pratique complète du séchage serait, d’après nous, une des principales applications établies comme valeurs cibles à explorer. On entendrait ici recueillir toutes les données générées par les instruments de mesure de l’usine de sciage jusqu’à l’usine de rabotage. Ce système de surveillance faciliterait la définition des indices de productivité et de qualité qui permettraient de mesurer la valeur monétaire des améliorations apportées au procédé par les opérateurs. Il serait aussi possible d’identifier et de justifier d’autres pistes de recherche prometteuses telles que l’analyse multivariée et le design d’expériences.
Finalement, dans un tel contexte, nous aurons une meilleure maîtrise du procédé et de sa qualité et nous pourrons aussi mettre en évidence la possibilité de réaliser une économie d’énergie en appliquant le procédé de séchage.